4 mois à Abu Dhabi

Après un silence web de quelques semaines, plusieurs nouvelles d'importance inégale:

- il commence à faire un peu chaud ici, on touche les 40°C du bout des doigts

- je rentre à Paris le 3 mai

- j'ai vu des dauphins

- les trois dernières semaines ont été riches en découvertes, quelques photos pour résumer tout ca:

une expo culturelle à l'Emirates Palace (hotel de luxe d'Abu Dhabi), un scuplteur designer qui aime jouer avec la calligraphie arabe, chinoise

Alex vient me rendre visite! La Grande Mosquée en est toute retournée =)

Le désert du Rub Al Khali, ou Empty Quarter (en français, ...?), le plus grand désert de sable du monde, un des plus beaux endroits des EAU

Souk aux épices de Dubai:

La plage de Fujairah:

Quelques pas dans le wadi Wurrayah, Fujairah toujours

on a regardé sous l'eau... 

pris des photos avec des points... (de mon 6x6!)

On a même tapé la discute à Doris et Nemo à l'Atlantis Aquaventure parc à Dubai:

La plage près de Jebel Dhanna, sud de l'émirat d'Abu Dhabi

Le désert près de Liwa à nouveau

un petit singe, qui arrive encore à faire la roue malgré son grand âge!

Et aujourd'hui, au cours de ma troisième sortie en scooter des mers à Abu Dhabi, on a vu... des dauphins! Un moment magique, sans photos donc il faudra me croire sur parole, avec trois grands groupes de dauphins qui faisaient une balade à l'entrée du port et qui sont restés un moment à jouer dans les vagues... Nous on est restés un moment à les regarder

Ce soir resto français, pour l'au revoir à un collègue qui rentre une semaine avant nous. Ah oui, au fait, on rentre parce les Clients d'ici veulent plus nous payer, on est un peu chers pour la valeur ajoutée (pourtant exceptionnelle). Mais je tiens à ajouter que c'est valable pour tous les expatriés, même pour ceux qui passent pas leurs week end dans des hotels 5 étoiles dans le désert et au restaurant, hein =)

Bon je triche, en fait c'est pas les premières, c'est ma deuxième pellicule, mais la première en couleur. J'ai fait scanner les photos par le photographe qui me les a développées, un échantillon des moins ratées (mon appareil a besoin de toute évidence d'une révision, mais je le savais):

On a fait des chateaux de sable:

Pris des photos de terrains vagues sur fond de tours:

Et fait du centre commercial pour pas perdre la main!

Pas grand chose de bien neuf sous le soleil!

Après un petit week end plage reposant (volley et frisbee quand même, on est pas des larves non plus!), on enchaîne les nouvelles expériences: yoga sur la plage hier soir, danse du ventre entre filles ce soir!

Autant le yoga m'avait bien détendue, autant là après le cours de danse je sens bien ma ceinture abdominale... Mais c'était bien sympa et bien drôle!

Rendez vous est pris pour la semaine prochaine =)

Le week end dernier, nous voilà partis pour un week end tout entier à Fujairah, un émirat du nord-est, dont la côte donne sur la mer d'Oman:

L'eau est censée être chaude, transparente, avec tout plein de poissons, et ben en plus, elle était exactement comme ça.

Pour un week end entre collègues, c'était plutôt pas mal du tout, et pas juste parce que j'avais organisé la plupart des trucs, unique fille du groupe oblige =)

Tout commence très tôt le matin, départ à 3h30 d'Abu Dhabi (on saura en arrivant qu'on avait quand même une petite demi-heure de marge qu'on aurait bien passée dans notre lit, mais bon, je conduisais pas donc j'ai pas eu voix au chapître du "quand est-ce qu'on part"). La nuit de 2h30 a été assez inutile, pas de photos, ca ferait peur.

On arrive à Diba, le port à la frontière entre Fujairah et l'Oman, mais du côté Omanais (on passe une frontière pour de rire où il faut juste montrer le passeport ou la carte de travail). C'est un matin de pêche comme les autres j'imagine, en tout cas ca sent bien le poisson et c'est l'occasion de photos sympas: 

On embarque dans une dhow (boutre en français) traditionnelle en bois, aménagée pour les balades touristiques et la plongée.

Nous on a prévu de faire du snorkelling (masque, tuba et palmes), pour l'heure on lézarde, on fait la sieste, on joue aux cartes et on prend des photos avant la première plongée en fin de matinée, près du roc de Leema (waouh, un caillou!)

Après un buffet lunch, on replonge l'après midi dans un autre spot.

On voit beaucoup de poissons, quelques beaux coraux, les plongeurs eux, ont vu des tortues plus au fond.

C'est vraiment sympa, même si il y a un peu de fond ce qui facilite pas la visibilité, j'ai tenté de prendre des photos avec un appareil étanche (jetable), la suite après développement!

Bon et pis faudra pas leur dire, je vous fais confiance, mais nos collègues Indiens, bah ils savent pas trop nager! Alors je veux plus entendre des gamins en France dire que la piscine c'est nul, au moins maintenant quand je pars en vacances, je suis bien contente de pas avoir peur de l'eau.

Le soir on arrive au Sandy Beach Hotel un peu tard, parce que la traversée a un peu duré, tant mieux cela dit, on fait un plouf à la piscine, on prépare le barbecue (on était trop organisés, on a manqué de rien =)

Pas de photos pour l'instant parce que moi j'ai oublié d'en prendre, mais si vous revenez j'essaierai d'en mettre quand j'aurai récupéré celles de mes collègues. Bon c'est un complexe hotelier près de la plage, il doit y en avoir plein partout, mais c'était très agréable, transats, piscine, arbres, fleurs... !

Le lendemain, grasse mat', re-snorkelling au rocher de Snoopy Island en face de la plage de l'hotel, la mer était à marée basse donc la visibilité était meilleure, mais j'avais oublié mon appareil! 

Dans l'aprem on reprend la route pour les wadis, des cours d'eau asséchés dans les montagnes (Fujairah est un émirat très montagneux) où il fait bon rouler en 4x4.

Quelques photos, on se croirait ailleurs:

D'autre photos des wadis ici!

On rentre contents et très fatigués, mais surtout contents =)

Le lendemain, le retour au boulot est super pas facile.

Bon les nouvelles datent un peu, puisque la tour la plus haute du monde, et j'ai décrit la Burj Khalifa, on l'a visitée la semaine dernière.

Mais néanmoins, je tenais à dire que voir Dubaï depuis la terrasse d'observation ouverte la plus élevée au monde à 450m d'altitude, c'est quand même sympa. On réalise que loin d'être une mégalopole pleine de tours et de malls, Dubaï c'est avant tout des groupes isolés qui se tiennent chaud dans le désert, qui s'étalent sur 30 km certes, mais par petits ilots si petits que ca semblerait presque mignon et humain. Enfin en redescendant sur la terre ferme on se rend quand même bien vite compte que sans voiture, le Dubaïen n'est rien...

Le matin on est passés par le vieux Dubaï, une ville "basse" avec des petits commerces, sympa, 

on peut y visiter les souks, par contre nous on y est allés le vendredi matin, et tout était fermé, jour de la prière oblige. On a pas pu visiter les souks aux épices et le souk de l'or, petit déception. A refaire un samedi!

Sur la photo ci-contre, l'entrée du souk "aux touristes", mais il se ressemblent tous dans l'architecture, avec les petites boutiques le long de galeries couvertes, en bois.  

Quelques photos de la corniche, du port (qui est apparement un port de commerce, mais les bateaux doivent pas aller trop loin):

J'imagine ne rien vous apprendre en vous disant que la situation politique et sociale de la plupart des pays du monde arabe est en plein bouleversement en ce moment. Mais concernant les Emirats Arabes Unis, un peu d'histoire des 50 dernières années pour comprendre que la situation est très différente ici.

(note post rédactionnelle: y a plein de texte, de mots et tout, le plus intéressant est un peu partout, mais surtout dans les 4, 5 et 6 èmes paragraphes "En 1966, ...")

Les Emirats Arabes Unis avant les années 60, c'est un désert immense, peuplé de tribus de bédouins nomades qui s'entraident ou se font la guerre selon les situations, en luttant pour survivre dans des conditions de grande pauvreté. Peu de ressources naturelles à exporter, ils importent une grande partie de la nourriture d'Iran. L'industrie perlière permet de subsister dans les "villes" de la côte, notamment à Abu Dhabi, mais rapporte en fait principalement aux négociants Indiens, seuls habilités par les Britanniques qui contrôlent alors le commerce du Golfe, à vendre les perles aux pays Européens. Au jour le jour, les habitants de ce qu'on appelle alors les Etats de la Trêve, n'ont d'interactions qu'avec les Britanniques qui n'ont aucun intérêt à développer ce bout de désert. Abu Dhabi à l'époque ressemble à un village boueux avec des cases en feuilles de palmier.

En 1960-1961, tout bascule avec la découverte de pétrole exploitable sur l'île de Das, dans l'Emirat d'Abu Dhabi. Entre 1961 et 1966, cependant, même si l'Emirat devient riche de l'exploitation pétrolière, la vie des habitants ne change pas beaucoup, le dirigeant d'alors, Cheikh Shakhbout, est un personnage assez frileux du point de vue de la prise de décision, sans cesse persuadé que les Britanniques cherchent à profiter de lui, de sa crédulité et de son ignorance. Il faut bien voir qu'à cette époque là, il n'y a à Abu Dhabi (l'Emirat) ni école autre que coranique, ni médecin, à fortiori pas d'hôpital. Pas de voiture forcément, les communications se font à dos de chameau. 80% de la population ne sait ni lire ni écrire. Les dirigeants n'ont pas d'expérience des affaires, et Cheikh Shakhbout ne se lance pas dans le développement d'Abu Dhabi et d'infrastructures qui deviennent indispensables, car il préfère conserver ses ressources dans l'éventualité d'une menace extérieure. Comme cela profite aux pays voisins, qui exportent matières premières, marchandises et services vers Abu Dhabi, la situation reste malheureusement bien stable au détriment de la population.

En 1966, Cheikh Zayed prend le pouvoir (le Cheikh Shakhbout finira sa vie au Liban). Cheikh Zayed est alors gouverneur de la province d'Al Ain (la deuxième ville actuelle de l'Emirat d'Abu Dhabi, "refuge" de la population locale), et il est très conscient du besoin de développement d'Abu Dhabi, et de l'injustice qu'il y a à conserver les immenses revenus de l'industrie pétrolière dans les coffres des banques. C'est un leader naturel, qui a passé tout le début de sa vie à parcourir le désert d'une tribu à l'autre, pour aider les gens, résoudre les litiges nombreux à l'époque avec les pays voisins (Oman, Arabie Saoudite). Tout le monde le respecte, l'aime, et tout le monde n'attend qu'une chose, que le pouvoir lui revienne, ce qui arrive en 1966 après deux ans passés à convaincre la famille régnante et les Britanniques.

A partir de là, ce sera festival. Cheikh Zayed commence par ouvrir les coffres du palais et à distribuer l'argent aux Abu Dhabiens qui viennent en faire la demande. Il met en place une structure gouvernementale, crée des ministères, se rallie largement à l'expertise étrangère pour mener à bien des projets de développement, d'infrastructures. En trois ans, la ville change de visage, rattrape deux siècles de développement et passe directement au stade de société de haute technologie (l'électricité arrive en 67, les téléphones portables en 1972!). Tous les secteurs de l'économie se développement en parallèle, et tout n'est pas rose, mais la direction prise par le Cheikh pour le développement social est inédite. L'Etat indemnise chaque Abu Dhabien pour permettre la reconstruction d'un logement moderne, et d'un commerce, donne à chacun en plus plusieurs lots de terrain à développer, en zone résidentielle, industrielle et en centre ville. La politique de distribution des terres a cessé dans les années 80 quand tout a été distribué. Mais encore aujourd'hui les gens peuvent demander à bénéficier d'un local commercial disponible, ou d'un terrain pour une maison. Bon je ne m'étends pas plus sur le développement d'Abu Dhabi, ça nous rendrait jaloux et un peu amers. Et c'est évidement plus facile de redistribuer la richesse avec des ressources naturelles abondantes, mais ca reste tellement rare...

Aujourd'hui, l'Etat donne à chaque couple marié une allocation de terrain et financière pour bien démarrer dans la vie, n'est-ce pas, ainsi que des allocations généreuses pour chaque enfant. L'eau, l'électricité sont gratuites, il n'y a pas d'impôt locaux ou sur le revenu. Chaque société qui s'implante doit avoir un associé Emirati (associé aux revenus, pas forcément au travail ou au capital), et un certain pourcentage d'employés locaux. Ceux-ci devenant une denrée rare (le local qui veut travailler, s'entend), ils sont très bien payés, et ne sont pas vraiment stressés par leurs patrons pour devoir effectivement produire du travail. Alors évidement, tout n'a pas été rose et facile, surtout au début quand les gens n'avaient aucune expérience des affaires. Certains ont tout dépensé en superflu de luxe sans s'inquiéter du long terme, d'autres ne savaient pas comment faire fructifier le patrimoine qu'ils recevaient, certains Occidentaux ont aussi profiter de leur naïveté dans le monde des affaires. Mais en 50 ans ils ont bien appris, et dans les meilleures universités, et aujourd'hui il leur est très facile de se reposer sur le travail des autres.

Si révolution il devait y avoir, ce serait une révolution philippine ou indienne, mais comme le moindre trouble est susceptible d'une reconduite immédiate à la frontière, tout reste très calme. 

Et si ca vous intéresse, j'ai trouvé toutes ces choses intéressantes dans un livre écrit par un Emirati, De la pauvreté à la richesse - Histoire d'Abu Dhabi, de Mohammed Al Fahim qui a vécu ces évènement lorsqu'il avait uen vingtaine d'années, et qui a participé par la suite au gouvernement. Proche de Cheikh Zayed, il donne dans son livre (co-écrit avec une journaliste) une vision de l'intérieur, et un témoignage sur ces années de transition plutôt intéressant. Et en plus il est disponible en dehors des UAE ! Bon je ne sais pas s'il est trouvable en neuf, mais pas de soucis, je le ramènerai avec moi =)

Quelques jolies photos qui résumeront bien notre sortie (organisée, assez touristique, mais quand même bien sympa pour donner un avant goût rapide de plusieurs facettes du pays):

notre beau 4x4 (avec notre beau guide qui dégonfle les beaux pneux pour aborder les belles dunes)

une vue du cockpit:

Les 4X4 qui nous suivent (notre groupe comptait sept 4x4 qui se suivaient, et c'était presque aussi impressionnant de regarder les suivants descendre les dunes que d'être secoué dans la voiture!)

Une pause "chameaux" dans une ferme d'élevage, ici on élève les chameaux non plus pour les transports, mais pour leur lait, leur viande, les courses entre autres.

un estropié...

On reprend le "dune bashing":

Puis on fait une pause pour observer le coucher du soleil, mais on repart avant qu'il se soit couché... Cherchez l'erreur... Bon il y avait des nuages de toute façon =) 

Le soir, on arrive au camp, un ensemble de baraques de bois où sont proposées des animations (on fait un "tour" de chameau notament, c'est court mais le plus impressionnant c'est le décollage et l'aterrissage, donc ...) On mange plutôt bien, des brochettes de viande grillée et salades, taboulé, style libanais, puis on assiste à un spectacle de danse égyptienne et danse du ventre. Un bonne petite soirée.

 Alors un peu de géographie: Abu Dhabi city, la capitale de l'Emirat du même nom, est située sur une île séparée du continent par un petit bras de mer, et reliée à lui par trois ponts. 

Les mangroves entourent l'île, et forment une barrière importante sur les écosystèmes côtiers, pour lutter contre l'érosion due aux marée. Enfin ici, malgré des instances officielles qui cherchent à protéger la mangrove existante, à replanter des arbres pour la développer, on y a creusé un chenal. Ca nous permet entre autres d'accéder en kayak aux parties naturelles, avec des canaux naturels où c'est pas très facile de pagayer dedans quand même... Enfin la balade en kayak est très sympa, on voit des crabes! Il n'y a pas de poissons à cause de la salinité de l'eau, mais on peut aussi voir avec un peu de chance des serpents de mer. Nous on aura vu des hérons, c'est déjà pas mal =)

Juste pour vous rassurer concernant mon quota d'activités extra-professionnelles, j'ai trouvé un club de karaté!

Bon c'est pas non plus un vrai club comme à Paris avec des adhérents, là on est trois quand j'y vais le dimanche et la semaine dernière j'étais toute seule le mercredi, et sur les trois, un fait du kung fu, l'autrefdu karaté contact... Autant dire que je m'entraîne toute seule, mais bon au moins ils ont plus de 20 ans, le prof est sympa et s'occupe bien de moi, surtout quand je suis toute seule forcément, donc ca va. Ca fait bouger =)

Et il trouve que je suis pas assez souple (forcément il est aussi prof de kung fu, et il fait le grand écart à l'échauffement...) alors j'ai l'impresion que je vais être un vrai élastique en rentrant en France avec tous ces étirements...